Musette et cinéma
La musette du grand-père
Photo André Paillart
La musette contenant le briquet du mineur de grand-père était une sacoche en épais cuir noir avec une sangle tressée pour la porter en bandoulière.
Cette musette, identique au cartable des enfants, contenait son casse-croûte.
Un matin, mon oncle Henri Wladimir, tout gamin, s’inquiète de ne pas trouver son cartable.
- « Regarde, il est posé là ! » lui montre ma grand-mère.
- « Mais non, répond-il, c’est la musette du père ! »
A la pause du briquet, grand-père a sorti les livres et cahiers d’écolier.
Espérons que ça lui ait coupé l’appétit !
Annick Milbrandt, fille de mineur
Au cinéma de quartier
Dans ma cité du 11, comme dans chaque cité, la salle de patronage sert de salle de cinéma, les projections se font en huit millimètres et le film est souvent rayé. Qu’importe...
Les rangées de sièges sont en fer et rabattables. Si une personne bouge, toute la rangée est au courant, quel boucant ! Qu’importe !
Mon cinéma, c’est le Rex. Il est implanté au Chemin Manot du 11, c’est à deux pas de la maison. Ma mère surveille notre sommeil en revenant de temps à autre à la maison au milieu du film. Parfois, elle nous apporte, à l’entracte, un paquet de cacahuètes entières, dans un petit sachet en papier kraft marron. Je me souviens de ma première séance de cinéma. Des chaises sont installées dans les allées, tellement il y a du monde ; mon frère n’arrête pas de parler, ma sœur Nadine se met à crier dans le noir. Pourquoi, on éteint la lumière ? Elle s’arrêtera quand la fée clochette du Conte d’Andersen apparaîtra… Lorsque les lumières se rallument à l’entracte, nous guettons la vendeuse d’esquimaux glacés. Son panier est pris d’assaut. Un comédien, jongleur ou acrobate, fait une démonstration de son talent. Puis les lumières s’éteignent pour la seconde moitié de la séance. Enfin, le film !
A Noël, nous allons au cinéma l’Apollo à Lens
Col Claude Duhoux
La ville de Lens offre aux scolaires, de l’école primaire jusqu’au lycée, une séance de cinéma à l’occasion de Noël.
Depuis leur école, les instituteurs et institutrices accompagnent leurs élèves, à pied, jusqu’au cinéma l’Apollo, devant la gare de Lens.
Maman m’a donné quelques bonbons que je partage sur le trajet avec mes camarades. A mon entrée dans la grande salle du cinéma, je suis émerveillée. Les sièges sont recouverts de velours rouge foncé. Ils sont rabattables comme « au Rex » mais sont moelleux et silencieux. Des lampes murales aux ferrures dorées, disposées à intervalles réguliers éclairent la grande salle. Un immense balcon peut accueillir encore de nombreux spectateurs. Un vrai théâtre !
Le lourd rideau, en velours rouge identique aux fauteuils, cache l’écran, sur toute la largeur de la pièce.
Bientôt, le rideau se lève. Place à « cendrillon »
Au retour dans la classe, après la séance, l’institutrice distribue la coquille, une orange et un gros bâton de sucre d’orge de couleur orangée, entouré d’un papier transparent. Certains mangent le petit pain immédiatement. Moi, je le garde comme un trésor, pour le montrer à maman et le manger avec une tasse de chocolat chaud. Quel délice !
Annick MILBRANDT, fille de mineur