Réactions à cet article
Réaction n°1 | par
MOMO
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De Maurice DUPONT à Gérard BUSTIN. Bonjour Gérard, cher collègue, C’est avec grand intérêt et une certaine émotion que j’ai pris connaissance de l’article relatant votre carrière aux Houillères du Bassin du Nord Pas de Calais et l’activité de vos parents, surtout pour y avoir trouvé plusieurs points communs en particulier lorsque vous évoquez le décès de vos proches tués à la mine lors d’accidents ou par la terrible maladie qu’est la silicose dont votre père en est l’une des victimes. Comme vous, je confirme en effet le calvaire des silicosés qui chaque jour s’étouffent un peu plus sans qu’aucun médicament ne puisse les soulager. Plusieurs années après la seconde Guerre, encore en 1950, l’aide respiratoire n’existe pas et avaler des limaces vivantes était le seul remède (factice) conseillé, que n’auraient-ils fait pour atténuer leurs souffrances ! Pour nous encore enfants, savoir notre père mourant et l’interdiction de l’approcher, de l‘embrasser une dernière fois était incompréhensible et insupportable malgré les explications concernant le risque de contagion. Votre maman a eu bien du courage pour avoir travaillé tant d’années au triage et du mérite s’agissant d’un métier extrêmement pénible pour une jeune femme de surcroît exposée des postes entiers aux poussières qui polluent l’environnement au sein de cet établissement. Excusez-moi, je ne vous apprends rien puisque vous y avez travaillé vous aussi! Mais il bon de le rappeler car beaucoup d’entre elles sont mortes jeunes et, j’en suis convaincu, tuées par la silicose. Coïncidence sympathique, c’est que votre maman porte le même nom de famille que le mien : DUPONT ! Comment des profanes pourraient-ils deviner à quel point les mineurs de fond et les galibots en particulier ont souffert si ce n’est par nos témoignages ? Comment les convaincre que toutes les tâches au fond du temps de la Bataille du charbon n’étaient vraiment pas faciles ? Il faut que nous l’écrivions car nous sommes de moins en moins nombreux ! Nous galibots de l’époque, malgré la malnutrition, nous étions soumis aux cadences infernales des ouvriers relevées par le Docteur AMOUDRU ! Et que dire du salaire de misère de ces gosses qui était approximativement égal au quart de celui de l’ouvrier ? Déjà, en entrant sur le carreau de fosse, avant la descente, nous étions stressés en pensant aux difficultés à venir et l’affreuse ambiance qui régnait au fond, surtout, et je le précise à nouveau, pendant la Bataille du Charbon ; c’était un peu moins stressant ensuite car le progrès a rendu les tâches un peu moins pénibles… mais elles l’étaient encore ! Je comprends ce que vous ressentiez, Gérard, en poussant à couloirs. Lorsque la pente de la taille n’est pas rectiligne et comprend une zone incurvée, le charbon s’y entasse et s’écoule sur sol. Il faut alors grimper à l’intérieur de ce couloir et pousser le charbon avec les pieds pour qu’il aille dans les chariots. La même opération se pratique dans les couloirs fixes lorsque la pente est tangente, idem dans les couloirs oscillants ! Et c’était plus périlleux encore quand ces derniers étaient en marche ! A chaque fois, il fallait remonter à l’amont de cette installation et recommencer l’opération pendant tout le poste. Pas question d’arrêter la coupe, le porion ne l’aurait pas pardonné ! Pour l’avoir vécue, je sais ce qu’est la peur qu’une grosse gaillette dévale dans ce couloir et vienne vous écrabouiller ou que dans la cuvette où l’on pousse le charbon avec ses pieds pour évacuer le bouchon, le couloir se plaque au toit et vous écrase ! Même crainte en parcourant toute la taille en vue d’assurer le graissage des piqueurs et le moteur à couloir. Vous avez raison, c’était le quotidien du galibot de l’époque en plus de beaucoup d’autres activités aussi pénibles et toutes extrêmement dangereuses. Ah, le fameux concours de sécurité truqué ! Merci Gérard de le rappeler ! Il faut savoir que les agents de maîtrise avaient droit à une prime inversement proportionnelle aux arrêts pour blessure. Quand les chaussures de sécurité n’existaient pas encore, il arrivait souvent qu’un caillou chute du convoyeur à bande sur notre pied et abîme le gros orteil et son voisin (l’hallux et le secondus).
C’était dit avec un ton qui ne prête pas à discussion, authentique ! J’ai travaillé plus de huit jours avec un pansement au pied me rendant au travail en boitillant. Heureusement que ce n’était pas au sommet du bure ! Félicitations Gérard pour avoir su intelligemment échapper au massacre et merci pour avoir participé à notre devoir d’information. Mes amitiés à vous ainsi qu’à votre épouse et tous mes vœux de bonne et heureuse année. Mes remerciements vont également aux dévoués et dynamiques animateurs de l’APPHIM qui, par leurs actions bénévoles, il faut le savoir, parviendront à rassembler de nombreux témoignages d’anciens mineurs annihilant tout équivoque sur ce qu’était le formidable métier de mineur. J’invite mes anciens copains mineurs du Nord/Pas-de-Calais à se rapprocher et rapidement et sans a priori de Messieurs Jean-Louis HUOT (Président), Georges TYRAKOWSKI (Secrétaire Général), Pierre OMBROUCK (Trésorier) ainsi que Gérard BUSTIN (Responsable Matériel de l’APPHIM). Un signe et l’un d’eux se rend chez vous à votre écoute et vous aide à rédiger votre témoignage ou le fera lui-même si vous le souhaitez ! Demain il sera trop tard…. Maurice DUPONT |