Les catastrophes du mois de février
FÉVRIER, UN MOIS MAUDIT POUR LES CHARBONNAGES DU PAS-DE-CALAIS
Un petit coup d’œil sur les dates des catastrophes minières qui ont eu lieu entre 1950 et 1974 montre que cinq d’entre elles ont eu lieu dans le Pas-de-Calais au mois de février.
Mercredi 7 février 1951 : fosse 5 de DIVION (Groupe de BRUAY EN ARTOIS), 11 morts A 9h 30 du matin, un coup de grisou a lieu dans un nouveau quartier prêt à être exploité à -679m, 11 mineurs sont tués. Le secteur de DIVION est réputé grisouteux : en mars 1912, à la fosse 1 de la Clarence, une explosion avait déjà causé la mort de 79 mineurs ; en juin 1954, le grisou y tuera de nouveau 10 mineurs.
La fosse 5 produira 30,16 millions de tonnes de charbon entre 1898 et 1969, le gaz naturel (méthane) continue à y être extrait des entrailles de la terre en 2014.
La fosse 5 de DIVION
Mardi 11 février 1958 : fosse 4/5 Sud de MÉRICOURT (Groupe D’HÉNIN-LIÉTARD), 11 morts
Dans cette fosse très profonde, l’accrochage principal est à - 900 m mais les couches supérieures sont encore exploitées. Un puits intérieur de petite taille appelé "bure" permet de relier les différents niveaux, ici celui à -770 m. A 6h 45, 11 mineurs s’apprêtent à remonter vers celui-ci en pénétrant dans la cage qui va remonter à 3 m/s. Au milieu du parcours, l’axe du treuil de la machine casse et les hommes sont précipités dans le vide, tous sont tués sur le coup.
La fosse 4/5 Sud réputée très grisouteuse (elle a alimenté jusqu’à la fin la cokerie de DROCOURT voisine en gaz naturel pour le chauffage des fours) produira 20,80 millions de tonnes de charbon gras entre 1911 et 1988 (date de sa fermeture).
La fosse 4/5 Sud de MÉRICOURT
Mardi 2 février 1965 : fosse 7 d’AVION (Groupe de LIÉVIN), 21 morts
Photo Nord Matin, col APPHIM
Après deux jours d’arrêt, on rallume les ventilateurs secondaires qui apportent de l’air frais dans les quartiers en cul de sac, c’est le cas de la veine Ste Marthe où 21 mineurs préparent le matériel pour le poste du matin. Il est 0h 30 quand une grosse explosion secoue toute la taille, les 21 travailleurs sont tués. On a estimé au cours de l’enquête que 2000 m3 de méthane avaient dû s’accumuler dans le quartier et se mélanger à l’air dans de bonnes proportions pour s’enflammer. La fosse était pourtant munie d’un système de télé-grisoumétrie moderne Si cette explosion avait eu lieu durant le poste du matin, ce sont 200 mineurs qui auraient peut-être été tués.
Photos Nord Matin, col APPHIM
La fosse 7 produira 40,78 millions de tonnes de charbon entre 1923 et 1985.
La fosse 7 d’AVION
Mercredi 4 février 1970 : fosse 6/14 de FOUQUIÈRES/LENS (Groupe d’HÉNIN-LIÉTARD), 16 morts
A la fin du poste de nuit, on a décidé de changer un ventilateur défectueux mais la réparation n’est pas terminée au début du poste de matin. La fosse 6/14 ne remonte plus de charbon depuis 1965, elle est concentrée sur le siège 3/15 de MERICOURT ; elle assure la descente des mineurs et du matériel de service mais aussi l’aérage du 3/15, on l’a d’ailleurs dotée de six gros ventilateurs. Dans cette fosse pas reconnue très grisouteuse, rien ne laissait supposer qu’à la suite de l’arrêt pour réparation de l’un d’entre eux, une grosse poche de gaz aurait la possibilité de se former. Pourtant à 7h, une énorme explosion secoue les entrailles de la terre et plus de 30 mineurs sont touchés ; 16 sont morts, les autres sont gravement brûlés.
La fosse 6/14 produira 29,22 millions de tonnes de charbon entre 1880 à 1965.
La fosse 6/14 de FOUQUIÈRES
Extraits Lumières sur la Mine 1970 col APPHIM
Dimanche 14 février 1971 : fosse 4 de LENS (Groupe de LENS), 4 morts
Au cours de l’année 1970, on a approfondi le puits pour descendre de -710 m à -840 m afin d’exploiter de nouvelles veines. Début 1971, le chantier est pratiquement terminé et en ce dimanche d’hiver, pendant le poste de nuit, une équipe de 4 hommes suspendus sur un plateau mobile est affairée à nettoyer le chantier et à le débarrasser de tous les gros tuyaux qui ont servi à couler du béton sur les parois du puits et de tous les appareils utilisés pour des travaux divers. Le plateau qui descend très lentement n’a pas parcouru dix mètres quand, pour une raison inconnue, il se détache et précipite les 4 mineurs dans le vide, ils sont tués sur le coup.
La fosse 4 produira 18,61 millions de tonnes de charbon entre 1864 et 1961 (date de sa concentration sur siège 11/19).
La fosse 4 de LENS
PS : on peut encore signaler qu’au cours du mois de février 1975, une explosion a fait 3 morts à la cokerie de DROCOURT (groupe D’HÉNIN-LIÉTARD). Ce pôle de carbochimie, l’un des plus importants de France, a produit jusqu’à 5050 t de coke par jour en 1969 grâce à 16 batteries comportant en tout 407 fours. A partir de 1988 (fin de l’alimentation en charbon par la fosse 4/5 Sud voisine), la cokerie continuera ses activités jusqu’en 2002, date de sa fermeture.
La cokerie de DROCOURT
Georges TYRAKOWSKI, Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM