Poème d'un mineur à la fosse 4 JP Mongaudon
Lorsque je faisais le tour des fosses encore « debout " je suis passé à la fosse 4 d'Avion (Pas-de-Calais). Les deux puits étaient dans un état de délabrement qui me faisait mal au ventre. Certaines zones étaient enfermées par un haut grillage. J'ai pu visiter le site et faire les photos qui semblaient nécessaires. Je pénètre dans le bâtiment de la salle des machines. Tout n'est plus que Chaos, démontage, récupération de matériels divers, même les plaques des machines ont disparues. Il fallait voir où mettre les pieds. Je pris, quelques photos de ce que fut les machines d'extraction. Puis au loin, je vois des inscriptions en blanc sur un mur en briques. Près d'une cabine métallique, celle qui commandait la machine d'extraction, une écriture révèle un texte. C'est un poème. Le poème d'un mineur exacerbé. Certainement celui d'un moulineur de l'époque. Il avait compris bien avant tout le monde ce qui qu'attendait les mineurs de France. Son nom Guilmar. Je vais vous l'écrire et le traduire par travers de lignes. Car tout le site est rasé et ce poème fait aujourd'hui partie du patrimoine minier des HBNPC.
Quoic ch'est qu'in va dev'nir
Ques ce que l'on va devenir.
Et in n'a pas fini d'in vÎr et l'on n'a pas fini d'en voir.
Des vertes et des pas mur, des verte et des pas mures.
Ed quoi s'claquer s'tiet sus les murs, de quoi se claquer la tête contre les murs.
Avec toute chés arconversions, avec toutes les reconversions.
l nous ont pris pour des cons, ils nous ont pris pour des cons.
Faut copier sur les imployés, Il faut copier sur les employés.
Comme des sinsues y faut s'accrocher,
Comme des sangsues, il faut s'accrocher.
Et quand l'cloche elle sonnora l'glas, et quand la cloche sonnera le glas.
Ch'est tous insinn qu'on s'in ira, c'est tous ensemble qu'on s'en ira.
Avec ess poche à sin cul, tous on s’en ira sa poche à son cul.
Mineur Guilmar
Texte : Jean-Pierre Mongaudon