La fille de l'ingénieur
Le goûter chez la fille de l’ingénieur
Cette année, la fille de l’ingénieur est dans ma classe. Sylvie nous impressionne plus par son intelligence que par son statut. Elle est simple et gentille, d’ailleurs, elle nous invite cet après-midi pour le goûter.
Située à côté de l’école primaire, sa maison est cachée derrière un mur en brique.
Quatorze heures, les copines et moi trépignons devant la porte de service, une petite porte verte.
Lorsque Sylvie nous ouvre enfin, nous pénétrons intimidées dans le parc qui entoure la maison.
Du haut de nos dix ans, nous levons des yeux impressionnés devant cette grande bâtisse. C’est un moment étrange pour nous qui ne connaissons que le modèle unique de la maison à quatre pièces.
L’intérieur de la maison est un dédale de pièces, de recoins, d’escaliers géants et un grenier qui bien sûr renferme dans des malles de vieilles robes et des accessoires. Tout y est.
Au goûter la mère de Sylvie nous prépare une boisson délicieuse, un verre de lait épais au goût de banane. Je la revois à côté de son blender. Je compris plus tard que j’avais bu mon premier milk-shake.
En fin d’après-midi, les filles de mineur, d’ouvrier, d’ingénieur se séparent. Heureuses d’avoir été les complices de tant de jeux. Mes copines et moi sommes pressées de raconter à nos parents en détails cette incroyable maison et à nos mères ce breuvage si délicieux.
En ouvrant la petite porte verte, Sylvie avait ouvert la porte d’un autre monde.
Martine Dreux-Callens, petite fille de Mineur