Le cuvelage
Le cuvelage
Le cuvelage est aussi vieux que l'extraction du charbon. Il s'agissait dans les premières fosses de retenir plus ou moins les terrains afin d'éviter leur effondrement, la profondeur des puits étant faible. Le cuvelage était alors constitué de pièces de bois plus ou moins équarries assemblées à la manière d'un tonneau ou d'une cuve, d'où le mot « cuvelage ». Jacques Mathieu apporta cette technique de Belgique quand il vint foncer les premiers puits français pour le compte de Désandrouin. Les puits Moulin, Point du jour, Ponchelet furent très vite abandonnés sans trouver le houiller à cause des venues d'eau. Leur cuvelage avait la forme d'un cylindre de six pieds de diamètre. Il en était de même avec le premier puits ayant découvert le charbon Jeanne Colard dont les planches de hêtre trop faibles ont cédé sous la pression. Les deux puits suivants Jeanne Colard 2 et 3 avait 10 à 12 cm d'épaisseur et formaient un carré de 6 pieds de côté. L'auteur en serait Pierre Mathieu (malgré son jeune âge à l'époque : 16 ans!) qui aidait son père Jacques. La Compagnie d'Anzin s'est attribué la paternité de l'invention en omettant d'en citer l'auteur. A l'époque, la forme carrée se révèle plus solide que le cylindre. C'est une ordonnance royale en mars 1789 qui proclame Pierre Mathieu comme inventeur du cuvelage, malgré tous les doutes subsistants. Le fils de Pierre Mathieu précise que son père n'a pas inventé le cuvelage mais le cuvelage avec picotage. Le picotage consistait à combler les vides existants derrière les pièces de bois et les relier solidement aux terrains par des coins enfoncés. Ce procédé permettait une meilleure solidité à l'ouvrage et évitait les grandes inondations. La taille du cuvelage carré est progressivement augmentée sans jamais trop dépasser les 2.3 m sur Fresnes et 1.96 m sur Vieux Condé. Il est difficile de déterminer si la forme carré descendait au fond des puits certains puits comme Vieille Machine avait une forme carrée mais une forme cylindrique maçonnée dans le houiller de 0.24 à 0.48 m d'épaisseur.
Tous les puits ouverts jusqu'en 1816 avaient cette forme sauf la fosse Sophie d'Hergnies ouverte en 1806. Son cuvelage était de forme octogonale inscrit dans un cercle de 2.38 m de diamètre. La Cave et Outre Wez sont aussi équipés de ce cuvelage. Il permettait d'avoir un diamètre maçonné de 3.25 m. En 1829, le cuvelage passe à 10 côtés. En 1853, le diamètre est de 4 m et le nombre de côté augmente encore jusqu'à 16. Les cuvelage sont renforcés avec 0.24 m d'épaisseur. Entre 1873 et 1880, le diamètre est de 4.25 m mais on ne fonce qu'un seul puits par fosse. De ce fait, il faut aménager un goyot dans le puits pour l'aérage mais cela réduit le diamètre d'extraction du puits.
En 1884, le diamètre est de 4.5 m mais toujours à 16 côtés. A partir de cette époque, le cuvelage en fonte révolutionne le cuvelage. Seules les têtes de puits ont été équipées puis l'ensemble des cuvelages afin de supprimer les venues d'eau par infiltration. Tous les puits ouverts à partir de 1890 le sont au diamètre 5 m. Les anciens puits sont même chemisés, c'est à dire qu'un cuvelage en fonte est posé à l'intérieur de l'ancien cuvelage en bois. Les derniers cuvelages ont été bétonnés entièrement.
Puits 11 de Lens
Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM