Les terrils

Les terrils

Terril conique

Le terril est le symbole de l’exploitation minière dans le Nord notamment. C’est une accumulation de schistes noirs, de terres et évidemment de quelques gaillettes passées entre les mailles des lavoirs. Le terril commence lors du creusage du puits (qu’on appelle fonçage). En effet, il faut se débarrasser des terres de creusement. La mise à terril se fait à proximité de la fosse. La plupart des terrils resteront petits ne contenant que les terres de fonçage et disparaîtront lors de la fermeture du puits adjacent car les terres resserviront pour le combler.

Terril Fosse Sainte Henriette NPDC

Les terrils qui prendront de l’ampleur sont ceux qui sont situés sur un siège équipé d’un lavoir. En effet, c’est le lavoir qui permet de séparer la houille des schistes inertes. Les terrils seront d’autant plus imposants que le site est un site de concentration (11-19 de Lens).


Végétation sur terril

D’autres terrils ou crassiers ont été édifiés dans la région à proximité des centrales électriques au charbon, qui brûlaient d’ailleurs une partie des terrils de la région. Ils proviennent des cendres des centrales. Ils ont une couleur gris-clair caractéristique. Ils sont aussi réutilisés pour faire du remblai.

Terril en combustion

Les terrils sont souvent coniques à cause de leur mise à terril au sommet. Mais certains comme à Estevelles ou Rieulay resteront plats (Estevelles a été remanié car instable et Rieulay a toujours été plat avec une mise à terril différente).


Exploitation terril Loos en Gohelle

Actuellement les terrils sont protégés pour certains et la végétation reprend ses droits (bouleaux, plantes grasses résistantes à la chaleur et à la sécheresse) d’autres sont exploités pour les schistes noirs comme remblai de routes ou pour les schistes rouges issus de la combustion interne des terrils qui servent à faire des terrains de sport.


Terril de la centrale d'Hornaing

La combustion

Avant 1945 et la construction de lavoirs performants, le triage du charbon était imparfait. Des morceaux de charbon partaient à la mise à terril ainsi que du minerai de fer (pyrite de fer ou sulfure de fer). En présence d'oxygène et d'eau amenés par les infiltrations d'eau de pluie, la pyrite s'échauffe. Sous l'effet de la pression des schistes et du confinement, la chaleur devient suffisante pour propager le feu aux résidus de charbon présents dans le terril. Cette combustion quasi anaérobie donnera naissance à ce qu'on appelle les schistes rouges très recherchés.

Cette combustion est dangereuse, non maîtrisable à cause des émanations de gaz et du risque d'explosion. Le drame est arrivé en 1975 à Marles les Mines où le terril du 6 « explosa » en pleine nuit. Une partie du terril s'est éventré en recouvrant une partie de la cité proche. Une poche de grisou serait peut-être responsable de ce drame qui a fait 6 victimes. La moitié des terrils du Nord Pas de Calais ont été ou sont en combustion.

Terril en combustion

Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM

Terril-terri

Avez-vous déjà entendu Simon Colliez, Edmond Tanière ou même le titi parisien Renaud ((Renaud cante el’ Nord) chanter :

« Mi j’passe mes vacances tout in haut de ch’terrill… » ?

Cela devient une mode d’accentuer le « l » final…et de nous indisposer, nous, gens du Nord qui désirons garder intacts notre mémoire industrielle et notre patrimoine linguistique.

Pourquoi prononcer le « l »

Par ignorance pour la plupart des gens étrangers à la région, par snobisme par quelques hurluberlus, par imitation pour des indifférents à notre culture et par provocation par des nullards en mal de parisianisme (ex. Dany Boon) et puis… par les Belges !!! Mieux, quelques esprits tordus affirment que terril vient de stérile ! N’importe quoi ! Il est clair que le mot terril provient de terre.

Origine du mot

Il est wallon. Il s’écrit terrî, téri  ou terriss. Dans cette région et celle de Liège on connait le charbon de terre depuis les années 1200. Les terres provenant des exploitations sont  amassées en terri. Après la découverte du charbon en France, à Fresnes sur Escaut en 1720, le mot est « francisé » avec un « l » par analogie avec d’autres mots en « il » mais le Littré affirme que ce « l » ne se prononce pas, comme fusil, outil, persil, fournil, chenil…

Dictionnaire étymologique Montois ou du wallon de Mons (1870)

TERRI, téri : monticule formé autour des fosses à charbon par l’amas de terres extraites avant d’arriver à la houille. Il augment ensuite de pierres provenant du triage

Trésor de la langue française (Analyse et traitement informatique de la langue française (1994).

TERRIL, TERRI. Substantif masculin. Terril est conforme à la prononciation par amuïssement (disparition complète d’un phonème ou d’une syllabe) du « l » final dans les mots en « il » sous l’influence de l’orthographe

Etymologie, Histoire . 1880 terri (Germinal. (Zola), 1923, terril (Arnaux,  Ecoute)

Terme wallon (cf Grandgagnage 1880, teris) dérivé de terre. La graphie terril qui tend à s’introduire en Belgique avec la prononciation « il » ne peut se justifier (Haust. Etymologie wallon-français. 1923, p247)

Les mots de la mine. Béatrice Turpin (2004)

La forme française « terril » provient d’une fausse étymologie, le terme étant rattaché par analogie aux mots se terminant par « il ».

Courrières. 10 mars 1906

Le mot terril fut répandu dans les journaux à l’époque de la catastrophe de la Compagnie de Courrières. Les mineurs étaient en grève et combattaient les forces de l’armée. L’un d’eux se voyant demander par un journaliste l’orthographe du mot répondit « comme fusil » !

…A tous les cops quand qu’j’arviens d’long,

Que j’arvos les terrils d’min coin,

                                Eh bin…min cœur i fait un bond ! (Marceau Dégallaix)

Travail et recherches Guy DUBOIS 2019


 

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Date de création : 05/02/2010 21:36
Dernière modification : 08/07/2012 14:02
Catégorie : Le jour - Divers-Les terrils
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