Les catastrophes et décès du mois de mai
Les catastrophes et décès du mois de MAI
Vendredi 6 mai 1938 : fosse 6/7 Hénin-Beaumont, 2 morts Jules Magriez (père d'un enfant) et de Voltaire Pécorio (père de quatre enfants)
L'accident s'est déroulé vers 22 heures, alors que la relève de poste s'effectuait. Quatre mineurs — Jules Magriez, Voltaire Pécorio, Louis Mouchon et Michel Slazareck — prenaient place dans le premier panier pour descendre.
Selon les premières informations, la corde du treuil, habituellement actionnée avec précision, s'est déroulée de manière incontrôlée. Le frein n'a pas tenu, et malgré les efforts désespérés du mécanicien, M. Kléber Mongou, pour stopper la machine et inverser le courant, le panier a plongé dans le vide sur une distance vertigineuse de 250 mètres.
La corde, d'un diamètre de 15 centimètres, s'est alors dévidée entièrement, entraînant le panier au fond du puits sous le poids colossal de près de 8 000 kilos de matériel. En surface, la violence de l'accident a été telle que la corde, remontant avec force, a arraché le toit de la mine et fouetté les charpentes métalliques, causant des dégâts majeurs au moteur de secours, désormais hors service.
L'organisation des secours a été immédiate, avec l'arrivée rapide de l'ingénieur Riolot et du délégué mineur Doisy, également président de la Société de Secours Mutuels des Mines de Drocourt. La situation s'est avérée complexe : pour atteindre les victimes, il a fallu démonter le moteur de secours du puits voisin N° 7. Ce n'est que trois heures plus tard que l'opération a pu être finalisée, permettant la descente des équipes.
Au fond, l'eau montait dangereusement, menaçant de noyer les survivants. Deux hommes, miraculeusement épargnés par l'impact direct, ont pu être extraits rapidement : Louis Mouchon (27 ans, père de deux enfants) et Michel Slazareck (28 ans).
Après des efforts acharnés, les sauveteurs ont finalement retiré les corps sans vie de Jules Magriez (23 ans, père d'un enfant) et de Voltaire Pécorio (28 ans, père de quatre enfants) vers 7 heures du matin. Ces deux mineurs décédés étaient originaires de la région de Marquise-Hardingham.
De nombreuses personnalités se sont rendues sur les lieux de la catastrophe, dont des représentants des Mines comme MM. Schneider (ingénieur en chef), Siorez (contrôleur), Maingon (directeur), Thiut (ingénieur en chef), et Riolot (ingénieur). Des élus locaux, dont M. Quinet (député) et M. Noël (maire de Drocourt), ont également été aperçant, manifestant leur soutien.
Les familles des victimes ont reçu d'innombrables marques de sympathie de la part des mineurs de la région. Un des frères de M. Pécorio avait lui-même été gravement blessé (bras coupé) six semaines auparavant dans ce même puits.
Source Réveil du Nord, col APPHIM
Mardi 20 mai 1952 : puits du Parc, Frugères-les-Mines, 12 morts
Le 20 mai 1952, une terrible catastrophe endeuille une nouvelle fois le bassin minier de Haute-Loire. Au puits du Parc, à Frugères-les-Mines, un dégagement soudain de gaz carbonique — inodore, invisible et mortel — surprend les équipes en pleine exploitation. Le bilan est tragique : 9 mineurs perdent la vie, 5 autres sont gravement blessés. Ce drame met une fois encore en lumière la dangerosité du travail au fond.
Sauveteur remontant un corps
Ce matin-là, une vingtaine de mineurs s'affairent à 620 mètres sous terre dans une galerie longue de 70 mètres, inclinée à 70 %. Le chantier avait déjà montré des signes inquiétants : plusieurs chutes de blocs et la présence d’eau détectée par le chef mineur Ricaud, signes avant-coureurs d’instabilités géologiques.
Pendant la nuit, des éboulements ont eu lieu. Le chef de poste Fernand Borel et un collègue effectuent une inspection du chantier. André Blanquet et Jean Delort sont en train de déblayer la galerie, quand le danger se précise.
Vers midi, Fernand Borel rejoint André Blanquet et Léon Delort. Ce dernier témoignera plus tard :
« Mon camarade m’a demandé l’heure, et je lui répondis qu’il était environ midi. À cet instant précis, le chef de poste se recula d’un bond, l’air horrifié, et s’écria : “Sauvez-vous les gars !” »
Un souffle étrange, faible mais anormal, s'engouffre alors dans la galerie, soulevant une poussière si dense que les lampes ne sont plus visibles, devenues de simples points rouges. Blanquet et Delort prennent la fuite, obéissant à l’ordre de Borel, espérant atteindre une zone ventilée.
Alors que les deux hommes courent à travers la galerie, une seconde explosion, beaucoup plus violente, les projette à terre. Un nuage de poussière envahit tout, accompagné de l’odeur âcre du gaz carbonique. Le grisou invisible commence à tuer.
Malgré les dégâts — le ventilateur principal est hors service, les compresseurs sont endommagés — huit mineurs parviennent à s’échapper. Six montent dans la cage principale, deux s’installent sur son toit. Parmi eux :
- Louis Joanny (Sainte-Florine)
- André Dantal
- Pierre Charbonnel
- René Badon (Lempdes)
- Paul Gauthier, André Blanquet (Frugères-les-Mines)
- Paul Brumerelle, Pierre Bardy (Vergongheon)
Grâce à des compresseurs de secours, la cage remonte jusqu’à l’étage 515, puis les rescapés sont évacués à la surface.
Le machiniste renvoie la cage au fond, espérant sauver d'autres hommes. Mais aucun signal, aucune sonnerie : le silence confirme l'effroyable vérité. Le gaz a tout envahi, étendant sa nappe mortelle jusqu'à l’étage 515 en moins d’une heure.
Le schéma de la catastrophe
L’alerte est donnée. En quelques minutes, les nouvelles se propagent dans tout le bassin minier. À Frugères, à Sainte-Florine, à Lempdes… une foule silencieuse se presse autour du puits. Épouses, parents, camarades attendent, le cœur serré, revivant les drames précédents — 1929, 1942 — où le gaz avait déjà frappé.
Sous la direction des ingénieurs Collange et Michel, et du chef mineur Nicoud, les secours se préparent. Il faudra attendre deux longues heures pour pouvoir descendre sans risque grâce à l’aération. Les sauveteurs, équipés d'appareils respiratoires, pénètrent enfin dans les galeries sinistrées.
Les sauveteurs découvrent les premières victimes près de la cage :
- Raphaël Licois
- Albert Bouche
- Robert Mallet
- Constantino Chiado-Fioro
- Alexandre Sahunet
- Albert Flory
Plus loin, dans la galerie, sont retrouvés :
- De Noni et Fuzet, sans doute désorientés et asphyxiés
- Fernand Borel, le chef de poste, près du lieu du dégagement
- René Bernard et Jean Knorst, sur leur lieu de travail
La violence et la rapidité de la propagation du gaz n’ont laissé aucune chance à ceux qui n’ont pu fuir immédiatement.
La remontée des corps et les familles éplorées
Sources article et photos : La montage, la Liberté col APPHIM
Samedi 30 mai 1981 : puits Simon Forbach, 1 mort, père de 3 enfants
Un nouveau drame s'est produit au puits Simon de Forbach, entraînant le décès d'un boutefeu originaire de Folschviller. Cet homme, père de trois jeunes enfants, a été mortellement touché par un éboulement.
Les faits se sont déroulés durant la nuit de samedi à dimanche, aux alentours de 20h15. L'accident a eu lieu à l'étage 680, dans le champ ouest, au sein de la veine 5, au niveau d'une taille montante de semi-dressant. M. Jules-Roger Dorr, âgé de 31 ans et domicilié au 38, rue du Cimetière à Farschviller, travaillait alors au havage de la passe montante. Sa tâche consistait à assister le débloqueur dans le cassage de blocs près du point de déversement.
Pour une intervention sur un bloc de plus grande taille, le boutefeu s'était avancé dans le convoyeur blindé. C'est à ce moment qu'il a été surpris par la chute d'une plaque du faux toit, qui lui a causé des blessures mortelles.
Né à Schoeneck le 26 juillet 1950, M. Jules-Roger Dorr avait intégré les Houillères du bassin de Lorraine le 1er août 1967.
Source article et image, Républicain Lorrain, col APPHIM
Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM