La course au charbon
Sur le terril de Pinchonvalles,
La course au charbon
Souvenir de mon père, André Callens
André court sur le terril de Pinchonvalles. Il aime ça, il court derrière les wagons qui arrivent de la fosse 1 et vont déverser sur le terril, les gravats remontés du fond. Un peu plus loin ma grand-mère suit. Elle est essoufflée de courir dans la caillasse avec un petit groupe de femmes et d’enfants. Chacun tient un sac, souvent en toile de jute, qu’ils comptent remplir de charbon. Les premiers arrivés seront les mieux servi.
Le terril de Pinchonvalles
Nous sommes alors en 1944, période où l’on manquait de tout. Pour aider les familles, les mineurs cachaient dans les gravats un maximum de charbon. Le charbon, l’or noir de l’époque, ne chauffait pas seulement le foyer. Il était aussi source de petits revenus car non loin de là attendaient les marchands de charbon qui achèteraient aux plus vifs et aux plus organisés, leur butin qu’ils iraient vendre dans la région lilloise.
Sur le terril de Pinchonvalles
Ma grand-mère ne revendait pas son charbon, elle le troquait contre du beurre ou des œufs dans les fermes avoisinantes. Mon père, alors âgé de douze ans, le revendait kilo après kilo. Avec son petit pécule, on lui confectionna son premier costume : une veste et un pantalon de golf.
Un soir, alors qu’ils étaient en plein grappillage, un avion anglais les a mitraillés. Pourquoi ? Ils n’ont jamais compris… La panique s’est emparée des glaneurs, mais le bois de la sablière, située à proximité, les a protégés.
J’aime beaucoup me promener sur le terril de Pinchonvalles, le Val du pinson en patois. C’est le plus long terril d’Europe, il est classé espace naturel sensible. La nature semble s’y est épanouie avec revanche depuis la fin de l’exploitation minière.
On peut encore y trouver des gaillettes, qui auront échappé au regard des grappilleurs. Elles ne sont pas là par hasard.
La précieuse gaillette
Martine Dreux-Callens, petit-fille de mineur