L'explosion
L'explosion
6h45, au puits 3, la cage qui remontait est soulevée violemment par le bas du puits et vient retomber sur les évite-molettes. L'ingénieur principal qui vient de remonter d'une visite d'inspection au fond des quartiers de Cécile, constate que l'autre cage du puits est bloquée au fond et qu'aucune des sonnettes d'accrochage ne répond. Il constate aussi que le ventilateur de retour d'air, placé à la sortie du goyot, aspire maintenant de l'air frais, ce qui indiquerait une rupture du goyot dans le puits.
Il fait arrêter le ventilateur et met en place une chute d'eau dans le puits qui, par entraînement, amènerait de l'air frais au fond. Il décide de descendre avec le porion Clabecq par les échelles du goyot. Les deux hommes descendent dans un air vicié jusqu'à - 70 m, les échelles étant arrachées par l'explosion au-delà de cette côte.
Sauveteurs au puits 10
Descente à la fosse 4 Sallaumines
Au puits 11, entrée d'air, les moulineurs présents, entendent un grand bruit et voient sortir un épais nuage de fumées noires. L'un des ouvriers tombe à la renverse et la cage, présente au jour, se soulève jusqu'aux molettes. Au puits 4, quatre abouts réparent le cuvelage sur un plancher provisoire. Ils entendent un grand bruit comme un coup de canon, suivi d'une violente arrivée d'air. Trois des ouvriers remontent par les échelles, le quatrième basculera dans le puits, où il restera accroché, mort par intoxication. A la surface, les installations ont souffert : toitures et vitres arrachées. L'ingénieur de la fosse, Bousquet, fait boucher le puits par un plancher étanche et réparer la cage du puits 11.
Fosse 2 de Billy-Montigny
Au puits 2, aucun incident n'est signalé. Les installations fonctionnent normalement. L'alerte sera donnée par un mineur de l'étage 306 qui voit arriver, d'un bure, une épaisse fumée noire. Il remonte et redescend à l'étage 306 avec l'ingénieur de fosse, M. Voisin et le chef porion. L'étage est envahi de fumée, le chef porion tombe inanimé. Il doit sa survie à l'ingénieur Voisin qui le ramène à la cage. L'ingénieur fait remonter quelques hommes présents et ordonne aux autres de fuir par le puits 10, distant de 500 m. La cage pleine remonte au jour où tous ses occupants sont inanimés ou blessés. Un galibot a le bras arraché et M. Voisin, la cheville brisée. A 7h30, le puits 2 est lui aussi inaccessible.
L'attente au 10 de Billy-Montigny
Le puits 10 reste le seul puits accessible pour les sauvetages ainsi que le puits 11, dont l'air devient respirable. Les ouvriers restés au fond remontent d'ailleurs par le puits 10. Ce sont principalement des mineurs de la fosse 2 dont les travaux étaient proches du puits. Seuls quelques ouvriers du puits 3 arrivent à remonter par le puits 10. A 8h30, les liaisons entre les puits 2 et 3 sont coupées par les gaz et les fumées.
Au puits 11, l'ingénieur en chef de la Compagnie, M. Bar, descend avec d'autres ingénieurs, le chef porion et le délégué mineur. La descente se fait par les échelles, la cage étant toujours indisponible. Ils trouvent des rescapés à l'étage 331, venant tous de l'étage 383. A l'étage 383, ils découvrent encore quelques survivants mais beaucoup de cadavres. Dans les galeries environnantes, ils ne rencontrent que des cadavres. La cage est enfin réparée.
La foule devant les grilles de la Fosse 4
Le bilan semble d'emblée très lourd. L'explosion semble avoir pris aux abords du puits 3 en se propageant jusqu'à la fosse 4 et la fosse 2. Le bruits de l'explosion ayant fait venir la foule aux portes des fosses, celles-ci sont fermées. Les directeurs de fosse, les ingénieurs et les médecins sont présents sur les carreaux. Vers 11h, un train spécial venant d'Arras fait venir le procureur, l'évêque, le colonel de gendarmerie... L'ingénieur en chef des Mines, Léon, vient lui aussi pour organiser les sauvetages.
Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM