Liévin 30 janvier 1945
UNE CATASTROPHE PEU CONNUE : LIÉVIN 30/01/45
Mardi 30 janvier 1945 12h, fosse 3 de LENS à LIÉVIN : l’effondrement d’une veine haute à l’étage 432 et l’éboulement qui a suivi a provoqué le décès accidentel de 9 mineurs. Cette catastrophe est beaucoup moins connue que celle du 27 décembre 1974, il est vrai qu’elle arrive quelques mois après la libération de la région et la guerre n’est pas finie, loin de là. Est-ce la raison principale du manque de renseignements sur cet événement dramatique ? Ou peut-être n’a-t-on pas voulu à l’époque décourager les mineurs des autres fosses à qui on venait de dire que le sort de la France était entre leurs mains
Rappelons le contexte, les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais viennent d’être créées à partir des dix-huit compagnies privées qui existaient avant le conflit mondial, c’est l’ordonnance du 13 décembre 1944. Le bassin minier sort meurtri de la guerre : 150 bombardements ont provoqué des dégâts très importants, le réseau des chemins de fer est dans un triste état, de nombreux logements ouvriers ont été détruits. Depuis le mois de septembre, Benoît FRANCHON, au nom de la CGT, a lancé la bataille de la production dans toutes les usines. Les mineurs, eux, ont été sollicités pour retirer des entrailles de la terre le plus possible de charbon, un combustible qui représente 86% de l’énergie consommée par le pays.
Malgré un outillage déficient inadapté à l’effort demandé, ils décident de relever le défi et acceptent même de travailler le dimanche. Dans quelques mois, le 21 juillet 1945 à WAZIERS, Maurice THOREZ, Secrétaire Général du PCF, futur Ministre d’État du gouvernement DE GAULLE (21 novembre 1945), viendra à WAZIERS lancer la bataille du charbon et des 100.000 t/jour : "Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir des Français ! ". C’est le temps de l’union sacrée entre le chef de la France Libre et celui du principal parti (elle ne durera pas bien longtemps ); le mineur se voit élevé au grade de "Premier ouvrier de France" et son statut s’améliorera (avril 1946) mais ce ne sera pas sans contrepartie. Pendant cette période, beaucoup d’ouvriers laisseront leur santé au fond de la fosse et les accidents se multiplieront car les conditions de sécurité seront sacrifiées sur l’autel de la production. À cause d’une inflation galopante (plus de 30%), les salaires ne suivront pas les promesses et les mineurs se révolteront en 1947, ce sera la fin des illusions de la bataille du charbon.
Georges TYRAKOWSKI pour l'APPHIM