Le magazine du mineur

Le Magazine du mineur 

Aujourd’hui, c'est dimanche. Il est l'heure de passer à table ! Au fond de l’assiette, un petit pavé blanc. Ça colle un peu aux dents mais ça se laisse manger. C’est du riz ! annonce fièrement ma Tante Henriette. Pour moi, c’est une première fois, ça change des frites. Ma tante ajoute : dans le Magazine du mineur, ils ont dit que c'était une céréale pas chère et vite préparée alors je me suis dit que c'était l'occasion de goûter !  J’avale tout en trois bouchées et je cours rejoindre ma copine Adèle, à l’entrée de la cité.

Cette fois-ci, le repas a été assez rapide mais il n’est pas toujours ainsi. Car depuis que la télévision est arrivée chez Tonton Germain et Tante Henriette - payée par tout le rabiot du mois dernier - mes dimanches ont changé. Tonton est généreux, ma tante Henriette aussi. Ils aiment partager leur bonheur. Dès que c’est possible, ils nous invitent à manger, mes parents et moi. Et c’est toujours repas surprise ! « Mais qu’est ce qu'elle a encore pu inventer ? », la question nous tient en haleine tout le long du chemin. La dernière fois, ma tante a préparé un gratin de courgettes et d'aubergines souvenir de La Napoule ! C'était pas mauvais, mais pas très nourrissant, j’ai trouvé !

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Magazine RELAIS-NPDC

Tante Henriette ne jure plus que par les fiches-cuisine du Magazine du mineur ! « Dans le Magazine du mineur, on dit que... », « T'as pas vu le Magazine du mineur? Ils ont raconté que... » et on mange du Magazine du mineur tout au long du repas ! Ça n'en finit pas ! Moi, je trépigne, Adèle, ma copine m'attend. C'est elle qui va bouillir si je la fais trop mariner !

Magazine Mineurs de France-CdF

Ca cause, ça cause autour de la table. Mais soudain, silence ! Plus question de parler ou d'arriver à l'improviste- ou alors le visiteur se fait rudement recevoir ! On lui tire tout de même une chaise et on lui fait une place devant le poste. C’est l’heure d’Alphonse et Zulma, avec Léopold Simons ! Un silence d'église dans la maison ! Simons parle en patois, on disait pas encore ch’ti ! Il parle sans manière de la vie, de notre vie. La télé devient autel. Muets comme des carpes, tous tendent l'oreille pour « écouter son parlache » . On rit, on s’esclaffe, on partage !

Et puis il y a la speakrine, bien plus belle que le curé, moins assommante aussi ! Elle sourit tout le temps, elle ressemble à Adèle. Je suis fascinée !

J’en oublie Adèle, ma copine. Elle attendra jusqu’à la fin de l’émission au coin de la cité.

Laurence Vincent, fille de Mineur

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Date de création : 04/08/2016 12:33
Catégorie : Livres, récits, témoignages... - Récits-Enfants de mineurs
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