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Témoignage de JP Mongaudon

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Pour ses l3 ans il est bien frêle. Galibot à la fosse Lemay, les mineurs sont étonnés de sa résistance au travail. Le galibot roule les berlines de charbon dans les voies à l’étage 286. Chaque berline remplie porte le numéro de la taille ou il roule (action de charger les berlines de charbon). Un préposé à I’accrochage relève et compte toutes les balles (Dans le Nord une berline pleine) portant le même numéro, remplies par les rouleurs dans les différents chantiers d’exploitation.
Bizutage au jour : Le graissage
La course entre les tapis roulants et les machines pour l’attraper est une tradition. Entouré de toutes parts, ne connaissant pas les lieux, il se fait prendre rapidement. Maintenu par les bras solides il est déculotté, sous les rires des trieuses. Il essaie bien de se débattre mais c’est peine perdue. C’est à la plus ancienne de toutes que revient l’honneur de badigeonner, une fois le pantalon baissé, la partie intime du galibot. Le pot de graisse à barous (berline) d’une main, le pinceau à graisser les essieux de l’autre, elle attendait. Trop forte, elle ne peut plus courir. La farce consommée, le jeune est relâché. Un éclat de rire général fuse. Vexé, il remet tant bien que mal son pantalon, qui s’auréole aussitôt de graisse. La matrone, les poings sur les hanches, s’écarte avec ses complices pour le laisser passer, en riant aux éclats. Le responsable du triage, comme d’habitude, a laissé faire. Il se souvient, il y a bien longtemps, que pareille mésaventure lui était arrivée.
Les jetons ou taillettes, coincés sur le côté de chaque berline, sont récupérés par un autre galibot dans un panier, pour un deuxième contrôle au jour. Parfois des mineurs tricheurs remplissent de cailloux la berline aux trois-quarts et la complètent ensuite de belles gaillettes. Le procédé est connu de tous, surtout des contrôleurs. Les fautifs sont vite repérés et bien souvent l’amende qu’ils doivent payer ne les incite pas à recommencer.
Comme rouleur, il est champion, toujours à la recherche de charbon à hercher (à charger) et ne perds guère de temps à attendre que celui-ci arrive tout seul dans la berline, il va le chercher là où il se trouve dans les différentes voies où des chantiers d’exploitation sont ouverts. Le galibot remplit les berlines et les ramène au modèle (lieu de stockage des trains) pour que le "méneu d’quévaux" les emmène à l’accrochage (lieu de recette du puits). Et surtout, il n’oublie pas de signer mon travail à l’aide de la taillette.
Le chantier auquel il est affecté comporte une descenderie. Ce système est employé lorsqu’une veine de charbon est exploitée alors que le puits n’a pas encore été aménagé pour la remonte des produits à cette profondeur. C’est un montage (galerie large de 2,5 mètres creusée dans le charbon du point le plus bas vers le point le plus haut) renforcé par un bon boisage creusé jusque dans la voie inférieure, où se fait l’exploitation du chantier, à la voie supérieure vers l’accrochage. Il comporte sur le côté droit pour le personnel un petit escalier, chemin obligatoire pour se rendre d’un étage à un autre. À proximité, deux doubles rails sont installés en permanence. L’un est réservé à la remonte des balles pleines et l’autre à la descente des berlines vides par des mouvements de va-et-vient. Un treuil à air comprimé, dans la voie supérieure est actionné d’après un signal convenu.
Un câble entoure une immense poulie placée contre le toit, dans une niche de la galerie supérieure, tout à côté du moteur. II rejoint à chaque extrémité les crochets des berlines. Dans chaque voie, supérieure ou inférieurs, deux doubles rails sont placés au sol. L’une reçoit les balles (Dans le Nord une berline pleine) et l’autre les barous (berline vide). Elles débouchent sur une grande plaque de fer de la largeur de la voie. Cette plaque est mouillée de temps en temps pour faciliter le guidage et le glissement des roues de la berline vers les rails de la voie choisie, soit en versant un peu du contenu du boutelot (gourde en aluminium) ou encore en se soulageant la vessie dessus.
Un jeune est employé à accrocher les balles à l’étage supérieur et à décrocher les berlines vides lorsqu’elles arrivent afin de les diriger vers le modèle. Les allers-retours vont bon train. La sueur me remplit les yeux. Ce n’est pas une mince affaire que de pousser les balles pleines, inertes, de la descenderie vers le modèle. Lorsque les rails sont encombrés de charbon, il s’arque boute, la force décuplée par le besoin de bien faire. La lampe benzine accrochée à la poignée de la berline éclaire un peu de sa lumière jaune et il peut juste voir à ses pieds les flaques d’eau, qu’il essaie d’éviter.
Certains mineurs savent qu’il n’est pas franc dans le noir. D’ailleurs qui peut se vanter de rester la lampe éteinte plusieurs minutes d’affilée sans être saisi d’angoisse. Le scénario est toujours le même ; ils s’approchent doucement dans le noir absolu pour mieux surprendre le pauvre galibot absorbé par son travail, et profitant de leur force, ils le portent dans une berline vide, prête à la descente. Il se retrouve sans lumière, la tête rentrée au maximum de peur d’accrocher une bille (Nom donné au chapeau d’un cadre de galerie) dans la berline, en direction de la voie inférieure. Il ne reste plus qu’à s’asseoir dans le fond en attendant la délivrance. Sa barrette en cuir est tombée, il ne sait où. Il ne lui reste plus qu’à attendre et penser à la petite trieuse lui l’avait souri avant sa descente, il cherche un moyen pour se faire remarquer et lui donner rendez-vous dans le bois derrière la fosse.
Avec cette idée en tête , les l00 mètres de descente lui rapide. Le mineur à la réception est étonné de voir sa tête émerger de la berline. Il le sort de là, riant de la plaisanterie. II va falloir regagner son “ poste “ (aussi désigné comme l’endroit où l’on travaille) seul dans le noir. Il hésite avant de remonter par le trou béant, noir de la cheminée. À tâtons, il grimpe s’aidant des mains. Le noir l’enveloppe, l’avale. La sensation ne peut s’expliquer, un mélange de peur et d’une hargne à rejoindre la voie supérieure. De temps en temps il entend le roulement d’une berline ou d’une balle il peut les reconnaître au bruit différent qu’elles font sur les rails. À quatre pattes, il faut un long moment avant de n’apercevoir la faible lueur qui indique que le but n’est plus loin. L’idée d’une vengeance germe alors dans son esprit. Il connaît les farceurs. Le meneur de chevaux est dans le coup.
Caché sur un bois du boisage anglé (boisage de renforcement dans les voies), armé d’une queue de troussage,( bâton de 1,20 mètre et de 4 à 5 cm de diamètre) il attend son passage. Arrivé à sa hauteur, il lui flanque un bon coup sur sa barrette en cuir. Celle-ci tombe par terre. Le mineur, par réflexe, se jette au sol imaginant la chute d’une pierre. Dans le noir, le jeune s’éclipse en vitesse. Durant un court moment, il savoure cette vengeance bien personnelle.
Catégorie : Livres, récits, témoignages... - Récits-Mineurs-Jean-Pierre Mongaudon
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