Les catastrophes et décès en Juillet-Août

Les catastrophes et décès en JUILLET ET AOÛT

Mercredi 31 juillet 1929 : fosse 7-7bis de l’Escarpelle à COURCELLES-LES-LENS, 8 morts

Juillet 1929 : c’est un été pourri mais ce n’est pas grave. Il y a un climat d’insouciance dans toute la société, on se passionne pour le cinéma devenu parlant, le jazz et les danses américaines. Personne ne le sait encore mais la fin des années folles approche. Dans quelques mois, ce sera le retour des inquiétudes : krach boursier à NEW YORK, Hitler, Staline, … Dans le Nord/Pas-de-Calais, c’est l’ère du "charbon roi " ; toutes les fosses détruites en 1918 sont désormais réparées et rénovées. Grâce à l’appoint des mineurs étrangers (les polonais constituent 49% des effectifs du fond tous bassins confondus) et la mécanisation des chantiers, la production nordiste et celle du pays atteignent des sommets (la France produira 59 millions de tonnes l’année suivante). La fosse 7 de l’Escarpelle participe comme toutes ses voisines à cette frénésie de production en cette fin du mois de juillet 1929 où tous les mineurs sont au travail car il n’y a pas encore de congés payés.

Mercredi 31 juillet 18h : au milieu du poste de l’après-midi, une grande explosion au puits 7 bis secoue les entrailles de la terre. L’alerte est donnée et on ordonne à tous les mineurs de remonter sur le champ. A la lampisterie, on constate qu’il manque 8 taillettes. La sirène prévient les habitants du coron qui affluent en grand nombre vers la fosse. Les secours s’organisent rapidement, c’est le Directeur des Mines de l’Escarpelle en personne qui dirige les opérations. Au fond, c’est l’horreur ; une équipe de sauveteurs venue de LENS découvre les corps sans vie des huit malheureux qui sont tous dans le même secteur. Le grisou a encore tué et cette nouvelle catastrophe fait 12 orphelins de plus. Le 21 août 1885, il y avait déjà eu 7 morts dans cette fosse dont 3 de moins de 15 ans.

Les funérailles ont lieu le samedi 3 août en présence des Préfets du Nord et du Pas-de-Calais car les victimes sont originaires des deux départements ; ils remettront la Médaille d’honneur du Travail aux huit mineurs à titre posthume.

De 1877 à 1948 (date de sa concentration sur la fosse 8 d’AUBY), la fosse 7-7 bis de l’Escarpelle qui a employé jusqu’à 800 personnes a produit 7,02 millions de t de charbon. Le puits 7 a été remblayé en 1953 et le 7 bis a encore servi pour l’aérage du 8 jusqu’en 1966.

catajuilaout01.jpg

La fosse 7-7 bis de l’Escarpelle à COURCELLES-LES-LENS en 1930.

Jeudi 18 août 1938 : L’éboulement des Mines de Carvin, 2 morts

carvin1938-02.jpg

A la fosse 4 des Mines de Carvin, dans le quartier Epinoy, deux ouvriers qui travaillent à l’étage -320 se dirigent vers l’étage -290. Le boisage des travaux n’ayant pas résisté, un éboulement les a isolés des autres mineurs. En effet, les deux mineurs étaient occupés à pousser un dressant dans une voie d’une seule issue à l’étage 320 pour rejoindre l’étage 290. Les travaux, sur lesquels ils travaillaient, avaient dégagé la veine sur les côtés, au-dessus et en-dessous. Le boisage n’a pas résisté à cet équilibre précaire. Raymond Diévart, 44 ans, père de quatre enfants et Raymond Evrard, 25 ans, célibataire, se trouvent prisonniers. Après autre jours de recherches, le corps de Raymond Evrard est retrouvé. Le mineur est mort par asphyxie. Le corps de Raymond Dievart n’est pas retrouvé à l’endroit prévu. Il est probablement mort dans l’éboulement, nos archives n’étant pas complète sur la suite de l’accident.

 

Source : L’écho …, le canard enchaîné 1938, archives APPHIM

Mardi 12 août 1952 : fosse Schneider de LOURCHES (Groupe de VALENCIENNES), 10 morts

La fosse Schneider qui vient d’être modernisée en 1950 est réputée grisouteuse, poussiéreuse et difficile. Dans la nuit du 11 au 12 août 1952 (deux jours avant les congés annuels), 160 mineurs creusent les galeries et aménagent les tailles pour le poste du matin. Dans le quartier Adélaïde, à - 840 m, le boutefeu s’apprête à exécuter comme chaque soir un tir de mines à retardement.

Dès qu’il appuie sur le détonateur, c’est l’enfer ! L’explosion crée une boule de feu gigantesque et incandescente qui se propage à grande vitesse dans toutes les galeries en dévastant tout sur son passage. 3 mineurs sont tués sur le coup et 17 autres sont gravement brûlés ; 6 mourront dans les heures suivantes et un autre le 19 août. Les funérailles des malheureux ont lieu à LOURCHES devant plus de 10000 personnes le samedi 16 août dans l’après-midi. Dans son allocution, le Délégué-mineur précise qu’il a maintes fois alerté la Direction sur la présence anormale d’une trop grande quantité de poussières dans le quartier et qu’il a demandé depuis longtemps une augmentation de l’aérage. D’après lui, c’est l’utilisation de mines à retardement qui explosent en cascade, les unes après les autres, à quelques dixièmes de seconde d’intervalle, qui a créé l’explosion ; les premières charges ont libéré le grisou et soulevé les poussières et les suivantes ont enflammé l’ensemble en créant la boule de feu qui s’est propagée à plus de 200 m/s dans les galeries. Le Délégué-mineur ne veut donc pas entendre parler de fatalité (argument de la Direction), c’est le manque d’aérage qui a provoqué la catastrophe.

La fosse Schneider s’appelait au départ ″fosse Ste Barbe″ de 1837 à 1886, date à laquelle la production s’est arrêtée pour manque de rentabilité. On construit un peu après 1900 un second puits qu’on appelle ″Paul Schneider″ (grand industriel du charbon et de l’acier du CREUSOT) et qui commence à être opérationnel en 1907. De 1837 à 1955 (fin brutale de l’exploitation suite à une inondation de toute la fosse), on a produit 26,57 millions de t. Le puits a été remblayé en 1957.

La fosse Schneider de LOURCHES en 1946.

Vendredi 4 août 1972 : Mine Amélie, Alsace, 3 morts

Dans le quartier 38 de la mine Amélie, située à Wittelsheim, vers 17h45, trois mineurs préparaient le chantier pour un tir de foudroyage à 600 m sous terre. Soudainement, une portion de 5*5 m du toit s’effondra sur les trois ouvriers qui sont ont été ensevelis sous des tonnes de terres et de sel. A 22h seul un des trois corps était récupéré.

Ce chantier, exploité par des Wagner (genre de pelleteuse) avait fait débat à sa mise en route avec une grève de 11 jours en 1970. En effet, pour cette méthode d’exploitation, il faut des plafonds hauts de 4 m. Les autres méthodes (havage intégral et chambres à piliers) ne nécessitent qu’une hauteur de 1.5 à 2 m.

Quoiqu’il en soit,

M. Grzelak, 48 ans, père de 8 enfants,

Charles Herrbrech, 45 ans, père de 5 enfants,

Pierre Ehkirch, 35 ans, père de 2 enfants

Ont laissé leur vie au fond de la mine.

 cataamelie.02.jpg

Les funérailles

Source l’Alsace, col APPHIM

Mardi 26 août 1975 : explosion du terril de la fosse 6 de CALONNE-RICOUART, 5 morts

Le terril du 6 de l’ancienne Compagnie de MARLES à CALONNE-RICOUART est un des plus imposants du Bassin Minier par sa hauteur et parce qu’il est situé sur la colline de la ville qui sépare les cités de Quenehem (majorité de polonais travaillant surtout au siège 2) à l’est de la cité du 6 (peu de polonais). En 1975, la fosse 6 qui était l’une des plus importantes d’Europe avant la Seconde Guerre Mondiale (plus de 1500 t/j , 23,15 millions de t extraites de 1908 à 1966, date de la concentration sur le 2) est arrêtée depuis neuf ans mais son terril qui est exploité semble encore bien vivant car souvent des fumées s’en dégagent. Des émanations de grisou ont déjà provoqué deux explosions sans gravité dans le passé. Il se dit que le lavoir construit en 1922 n’a jamais très bien fonctionné et que les schistes déversés sur le terril ont toujours été chargés d’un pourcentage non négligeable de charbon poussiéreux. À cause de la pression intense des roches dans les entrailles du géant, celui-ci est décomposé par la chaleur et il se forme des poches de méthane (grisou) qui ne peut s’enflammer seul, il a besoin d’un comburant, l’oxygène en l’occurrence qui peut être créé par la décomposition thermique de l’eau de pluie infiltrée (celle-ci donne également de l’hydrogène, un gaz très inflammable). Lors d’une forte pluie, des glissements de roches peuvent se produire et des poches de méthane et d’oxygène peuvent entrer en contact ; la moindre étincelle créée par le choc de deux cailloux peut alors faire exploser le mélange tonnant méthane-oxygène et d’autant plus violemment que l’on se rapproche de la proportion 1/3 méthane-2/3 oxygène, ce qui est rarement le cas.

Dans la nuit du mardi 26 août 1975, des pluies diluviennes s’abattent sur le terril et ce qui vient d’être décrit comme très improbable se produit. Une explosion très violente propulse 11000 m3 de roches plus ou moins grosses et des cendres brûlantes sur les rues du haut de la cité Quenehem. A certains endroits, il y a un mètre de poussière noire qui s’est répandue sur trois hectares ; un des pompiers présents a dit que ses bottes fondaient, il a dû s’échapper en courant. L’explosion a été si violente qu’un bulldozer présent sur le terril a été projeté à 250m et est venu s’écraser sur une maison où les gens dormaient. Tous ces projectiles ont provoqué la mort de 5 personnes et 4 ont été gravement brûlées, toutes sont d’origine polonaise. Une stèle dans la rue montante du Mont St Eloi rappelle cette catastrophe sans précédent.

Le siège 6 en 1945 : le terril sépare la cité 6 au premier plan et la cité Quenehem limitée par le terril du siège 2 à l’arrière plan. Un tunnel au niveau de la rue d’Arras (la deuxième rue de la cité Quenehem en partant du bas) permettait de traverser le terril.

La partie est du terril a été éventrée et les débris projetés par l’explosion recouvrent une partie de la cité Quenehem.

Lundi 01 août 1983 : Freyming-Merlebach, puits Vouters, 1 mort père de deux enfants

Un accident mortel survenu le 1er août 1983 au puits Vouters. M. Serge Kordzinski, ingénieur d'exploitation, est décédé après une chute lors d'une visite de chantier.

Le drame s'est produit dans le montage d'une exploitation de dressant, spécifiquement dans la veine Erna 3 Sud, au sein de la 2e division Nord-Ouest, à l'étage 1036. M. Serge Kordzinski, qui aurait eu 30 ans le 16 septembre, avait pris son service le lundi matin pour inspecter un secteur sous sa responsabilité.

C'est sur l'échelle de montage, une structure quasi verticale s'étendant sur 130 mètres, que l'accident a eu lieu. Vers 10h45, un porion a découvert le corps inanimé de l'ingénieur sur une machine. La chute lui a été fatale.

Les équipes de secours du poste central sont rapidement intervenues pour remonter le corps de l'ingénieur à la surface. Le Service des Mines a immédiatement ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances précises et les causes exactes de ce tragique événement.

M. Serge Kordzinski était employé par les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) depuis le 1er octobre 1979. Il laisse derrière lui une veuve et deux enfants.

catavouters1983-01.jpg

Source photo et article, Républicain Lorrain, col APPHIM

Mardi 02 août 1983 : Freyming-Merlebach, puits Reumaux, 1 mort père de deux enfants

Après trois semaines de fermeture, le puits Reumaux est ouvert depuis le 02/08/1983. Une vingtaine de personnes travaillaient hier au poste du matin qui prenait fin à 13 h. Il s'agit d'un chantier sur une veine oblique à attaque multiple et à remblayage hydraulique.

Soudain, peu après 11 h, une partie du charbon de la veine oblique glissa sur le front de taille écrasant un piqueur en taille Rachid Daikhi, 26 ans, marié, père de deux enfants domicilié à Behren-lès-Forbach. Ce dernier fut enseveli sous plusieurs tonnes de charbon.

Deux mineurs qui se trouvaient à proximité Gérard Douchin, 53 ans, tailleur et Armand Haffner, 27 ans, agent de maîtrise, domiciliés tous deux à Freyming-Merlebach furent blessés, le premier à la jambe et le second à l'épaule. Ils étaient accompagnés de douze hommes qui furent commotionnés et qui purent regagner la surface par leurs propres moyens avant d'être examinés à l'infirmerie du siège.

Dès l'alerte donnée, les sauveteurs du poste central de secours descendaient sur les lieux pour dégager les blessés et les conduire à l'hôpital de Freyming-Merlebach. Mais ce n'est qu'après deux heures d'effort qu'ils purent dégager le corps de M. Rachid Daikhi qui avait cessé de vivre.

Un affaissement minier qui a pris des proportions plus importantes qu'un simple éboulement. En effet il semblerait que ce «délavage» fasse partie d'un ensemble, en somme une cassure de terrain à grande échelle sur le champ de Cocheren ce qui expliquerait la soudaineté de l'accident mais aussi son enregistrement sur les sismographes jusqu'à Strasbourg.

catareumaux1983-01.jpg

Source article et image Républicain Lorrain, col APPHIM

Jeudi 25 août 1983 : Freyming-Merlebach, puits Vouters, 1 mort

Les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) enregistrent une nouvelle victime. Sylvain Portes, un jeune piqueur de 23 ans, a trouvé la mort tragiquement dans la nuit de mercredi à jeudi au puits Vouters de Merlebach.

Le drame est survenu vers 2h30 du matin dans une exploitation située à 1036 mètres de profondeur, au cœur de la veine 5 nord. Sylvain Portes travaillait sur le plancher de cabine de la haveuse en compagnie de trois de ses camarades.

Le jeune homme avait entrepris de déplacer un gros bloc de charbon qui menaçait d'entraver le fonctionnement de la machine. C'est à ce moment précis qu'une "chute de front" s'est produite – un pan de roche et de charbon s'est effondré. Le bloc a malheureusement atterri sur la jambe de Sylvain Portes. En tentant de se dégager, il a heurté violemment la tête contre le bâti de la machine avant de chuter sur le blindé.

Retrouvé inanimé quelques instants plus tard par les sauveteurs, Sylvain Portes a été immédiatement transporté à l'hôpital de Freyming-Merlebach. Malgré tous les efforts, le jeune homme a succombé à ses blessures aux alentours de 5 heures du matin.

Originaire de Metz, Sylvain Portes marié n'avait pas d'enfant.  Il avait rejoint les Houillères du Bassin de Lorraine en 1981.

catavouters1983-02.jpg

Source photo et article Républicain Lorrain, col APPHIM

Mardi 13 août 1985 : Freyming-Merlebach, puits Vouters, 1 mort

Mardi 13 août, Jean-Claude Trizinski, un mineur de fond de 38 ans, est devenu la 27e victime de l'année pour les Houillères du Bassin de Lorraine, suite à un accident survenu au puits Vouters. Ce drame marque le troisième décès sur ce même site depuis le début de l'été.

L'accident s'est produit vers 12h40, à l'étage 1036, dans un chantier de la veine Erna 3, deuxième travers banc nord-est. Jean-Claude Trizinski travaillait sur le plancher de la machine d'abattage avec deux de ses collègues. Leur tâche était le boisage de la taille, une opération cruciale de soutien de la galerie après l'extraction du charbon, qui était déjà achevée.

Alors qu'il forait un trou dans le toit de la taille pour installer un boulon de renforcement, un pan du front de taille s'est soudainement écroulé, l'ensevelissant en partie.

Immédiatement dégagé par ses camarades de travail, Jean-Claude Trizinski souffrait malheureusement d'un grave traumatisme crânien, le plongeant dans le coma. Rapidement transporté à l'hôpital de Freyming, il a succombé à ses blessures environ quarante-cinq minutes après l'accident, vers 13h30.

Marié, Jean-Claude Trizinski avait rejoint les Houillères du Bassin de Lorraine il y a 13 ans.

catavouters1985-01.jpg

Source article et image Républicain Lorrain, col APPHIM

Mardi 27 août 1985 : Forbach, puits Marienau, 1 mort

C'est un porion originaire de Petite-Rosselle, M. Frédéric Lorscheider, âgé de 46 ans, qui a été mortellement blessé vers 14 h 15, en bowette 1 sud B, à 850 m sous terre. L'accident s'est produit dans une galerie en cul-de-sac, au cours d'une manœuvre de roulage. Un transformateur électrique qui se trouvait sur un chariot sur rail se renversa subitement sur M. Lorscheider qui fut retrouvé coincé entre ce transformateur et un coffret électrique de chantier chargé d'alimenter un treuil de transport. Atteint d'un enfoncement de la cage thoracique, le malheureux porion fut tué sur le coup.

Né le 25 mars 1939 à Petite-Rosselle, M. Lorscheider fut embauché aux HBL en 1953 et devint porion en 1969.

Il était marié et père de deux enfants : un garçon de 17 ans et une fille de 20 ans.

M. Frédéric Lorscheider était sympathiquement connu dans la région, notamment en tant que membre actif de l'Association de géologie du district de Forbach.

catamariaaunau1985-01.jpg

Source article et image Républicain Lorrain, col APPHIM

 Georges TYRAKOWSKI / Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM


Date de création : 10/08/2014 15:17
Dernière modification : 25/07/2025 11:39
Catégorie : - Catastrophes
Page lue 15818 fois