L’HÔTEL RÉGINA
Il y avait une salle de jeux pour les enfants et des douches au sous-sol. Comme le temps était très ensoleillé, on allait à la plage tous les jours et on se baladait ensuite sur l’Avenue du Général de Gaulle, sur l’Esplanade, dans la rue de l’Impératrice, sur la place de l’Entonnoir, devant le Casino et autour du phare. J’ai mangé beaucoup de glaces, je m’en souviens. Papa a loué un vélo à quatre roues pour se promener dans la ville, c’était bien… mais il devait pédaler pour toute la famille !
Avant les repas, les hommes buvaient l’apéritif et nous, les enfants, une orangeade. Les tables étaient dressées dans une grande cour intérieure s’il faisait beau. On entendait Dalida chanter Come Prima. Dario Moreno roucoulait Si tu vas à Rio, et tous, on reprenait en cœur ! Edith Piaf dramatisait sur Mon manège à moi et Bourvil nous émouvait avec La ballade irlandaise. A table, dans la grande salle à manger, cela me faisait drôle de voir maman assise pendant les repas ; à la maison, elle était toujours debout. Quand on avait terminé, elle ne pouvait s’empêcher d’essuyer les assiettes et de les empiler en rassemblant les couverts alors qu’il y avait du personnel pour le faire. Elle ne pouvait rester sans rien faire…
C’est en juin 1952 que Comité d'Entreprise des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais, les HBNPC, a fait l’acquisition de l'Hôtel Régina à BERCK-PLAGE pour accueillir les Mineurs pendant les congés annuels ; l’autre centre de vacances, c’était celui de La Napoule à MANDELIEU sur la Côte d'Azur. A BERCK-PLAGE, les Mineurs et leurs familles (près de quatre cents personnes) étaient accueillis d'avril à octobre par session de quinze jours. Le tarif était fonction des ressources. Les familles étaient choisies par tirage au sort.
C’est en 1958 que nous avons eu la chance d’être désignés. Je me souviens : nous sommes arrivés en car, un samedi, avec notre "barda" en provenance de la gare d’ÉTAPLES. C’étaient mes premières vacances. J’avais cinq ans et demi, ma sœur deux ans et demi. J’étais trop jeune pour me rappeler de tout ce qui a marqué ce séjour mais Papa m’a raconté que le jour de notre arrivée -je ne m’en souviens pas- nous sommes allés regarder sur une télévision installée dans une vitrine de la Rue de l’Impératrice, le match entre l’équipe de France de KOPA, PIANTONI, FONTAINE, WISNIEWSKI, VINCENT et l’Allemagne. Les Bleus ont gagné 6-3 et ont ainsi remporté la troisième place de la Coupe du Monde en Suède. Je sais donc précisément que notre séjour a commencé le samedi 28 juin 1958 !
A l’intérieur de l’hôtel, tout me semblait beau. Oui, tout était fait pour que les Mineurs passent un agréable séjour ! J’aurais adoré ces vacances si je n’avais pas vu un peu partout dans la ville des malades sur des lits à roulettes poussés par des dames en blanc. BERCK était renommé dans le monde entier pour ses hôpitaux spécialisés en traumatologie et équipés pour l’hydrothérapie marine. Ma sœur et moi, nous étions tristes pour ces malheureux qui devaient avoir bien chaud.
Par la suite, nous sommes retournés plusieurs fois sur la côte d’Opale mais plutôt à STELLA-PLAGE où il n’y avait pas de malades sur la digue. D’ailleurs, il n’y avait pas de digue mais des blockhaus qui glissaient lentement au bas des dunes d’année en année.
Georges TYRAKOWSKI
Le REGINA à l'époque
2012
̎TATA YOYO ̎ À L’HOTEL RÉGINA
C’est une fameuse soirée où les enfants étaient invités à participer à un concours de chansons. Me voilà donc sur scène. J’ai dix ans, c’est une première ! Je suis intimidée. Quand l'animateur me demande ce que je vais chanter, à la surprise générale (celle de mes parents et de la mienne aussi !), je réponds : Tata Yoyo d'Annie CORDY ! Ensuite, c’est le trou noir… mais j’ai du séduire le public car j’ai été désignée gagnante… comme tous les autres enfants ! J’ai reçu un paquet de bonbons et cette expérience m'a valu le surnom de Tata Yoyo pendant quelques temps...
C’est l’un des mes plus beaux souvenirs de vacances.
Nous étions à l’hôtel Régina. C’était en juin/juillet 1982, pendant la Coupe du Monde de foot. Je me souviens d'une salle de télé qui réunissait une grande majorité de mineurs. Je les entends encore s'exclamer, vitupérer et prendre le voisin à témoin. La salle était pleine à craquer, certains restaient debout à l'entrée.
Nous avions deux chambres à notre disposition : l'une pour les parents, l'autre pour les cinq enfants. Et, je rêvais de devenir star !
Laurence VINCENT
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